[Cavalcade des blogs #13] Lorsque la peur vous bloque...

26 nov. 2017

Ce mois-ci, c'est le blog Les supers cavaliers qui accueille la Cavalcade des blogs, ce RDV mensuel qui regroupe différents blogueurs autour d'un thème donné. Nathalie nous invite à écrire sur une phase qu'on a tous, cavalier ou non, un jour connue : ce moment où on a l'impression de ne plus progresser, voire de régresser.

Quand j'ai réfléchi à l'article que je pouvais rédiger sur ce thème, j'ai pensé parler du fait qu'en ce moment, je n'ai plus l'impression de progresser du fait de mon manque de pratique (voire de régresser quand je ressens des courbatures dans chacun de mes muscles après une séance plutôt basique) mais ce serait redondant avec ma dernière participation à la cavalcade. En plus, je me suis rendue compte depuis qu'une petite pause pouvait être bénéfique et permettre certains progrès, comme lors de mon dernier cours avec Népal.

Je me suis souvenue alors que je voulais depuis un moment écrire sur ma peur de sauter, celle qui m'empêchait d'avancer il y a encore quelques mois, en écho à une vidéo YouTube de la chaîne Only Poney dans laquelle Manon explique son blocage face à l'obstacle et comment elle arrive peu à peu à le surmonter.

Cette cavalcade me donne donc l'occasion de vous partager à mon tour mon expérience et  de vous raconter comment j'ai pu réussir à avancer.

Ma peur de l'obstacle, où quand j'ai l'impression de rester bloquée....

Lorsque je me suis inscrite dans mon centre équestre, la monitrice qui m'a accueillie m'a indiqué que je me trouvais dans un club qui pratiquait toutes les disciplines classiques, notamment du saut d'obstacle (d'autant plus que ce club est orienté CSO et sort régulièrement en concours dans cette discipline, avec de bons résultats à la clé). Dès ce premier contact, j'ai ainsi eu une certaine appréhension, je ne me sentais pas forcément capable de rester sur un cheval en train de sauter. Quelques semaines plus tard, mon coach me confie Indra pour mon premier saut : je me rate, finis sur l'encolure et parviens à me redresser in extremis, j'évite ainsi de peu la première chute que je redoute tant. Puis je recommence à sauter, de temps en temps, mais surtout, je commence à tomber. Une première chute sur du plat, mais les six ou sept autres qui ont suivi ont eu lieu sur des cours d'obstacles, alors que je n'accompagnais pas correctement le mouvement du cheval sur lequel je me trouvais, que ce soit Enzo, Indra Népal, Iroise, Koline.... Heureusement, toutes ont été sans gravité, mais la peur, elle, était bien là, de plus en plus présente à mesure que je tombais ou que je voyais mes camarades de reprise à terre. Et qui dit peur dit crispation et stress, que les chevaux ressentent, ce qui n'arrange rien aux choses.

C'est ainsi que par une séance d'hiver, alors que j'étais sur le dos d'Indra (que je redoutais à l'obstacle puisque j'avais vu plusieurs de mes camarades à terre après avoir sauté avec elle), j'ai été complètement bloquée. Mon moniteur avait installé un parcours (avec une petite spa sur la fin, ce que je n'avais encore jamais sautée, et ceci m'a tétanisée). Nous avons fait la détente sur l'obstacle numéro 1 de manière très correcte, mais de mon côté, je n'étais pas détendue pour deux sous. Coach m'a alors demandé de me lancer sur le numéro 1 et d'arrêter ensuite si je ne me sentais pas capable de continuer. La première barre a été franchie sans problème, j'envisageais alors de me diriger vers le 2, mais la jument a senti mon stress très présent, et mon manque d'envie, elle a alors décidé de rejoindre les copains. Ce jour-là, j'ai vraiment compris que mon stress avait un impact sur moi, ma façon de monter, mais aussi sur mon cheval et j'ai réalisé que j'avais un réel blocage qu'il fallait que j'arrive à dépasser pour pouvoir progresser à nouveau en obstacle.

Quand je me trouve dans une impasse et qu'il faut en sortir

Ne voulant plus être bloquée dans mon évolution à cheval, je me suis lancée le défi de surmonter ma peur début 2015, puis de participer à un CSO externe à mon club. En effet, évoluer devant un public que je ne connaissais pas me permettait de sortir de ma zone de confort et de me prouver que j'avais réussi à dépasser les craintes que j'avais.

Ces objectifs établis, je les ai écrits ici. Les annoncer sur un blog les rendait concrets et m'obligeait à me dépasser. A partir de là, j'ai choisi de monter une jument en laquelle j'avais totalement confiance à chaque fois qu'on sautait. Peu à peu, les séances se passant mieux, j'ai repris confiance en moi, et j'ai pris plus de plaisir à passer des barres. J'ai alors pu changer de monture (toujours un cheval calme sur lequel je me sentais bien) et continuer à évoluer avec Lutin, Quartz, Iroise, Népal...

J'ai aussi fais en sorte de réfléchir à mes chutes quand elles arrivaient, pour comprendre quelles erreurs j'avais pu commettre afin de ne pas les reproduire et de ne pas rejeter la faute sur le cheval que je montais (ce qui aurait pu m'amener à ne plus vouloir travailler avec lui si dans ma tête, c'est lui qui avait décidé de me mettre à terre). J'ai aussi arrêté d'écouter les commentaires du genre "attention, il fait tomber tout le monde en saut", ce qui avait tendance à me stresser et donc me conduisait à commettre des erreurs voire à chuter. J'attendais de juger par moi-même du comportement du cheval, et très souvent, la séance se passait bien mieux que ce à quoi j'aurais pu m'attendre si j'avais écouté les autres cavaliers me mettant en garde.

Et puis surtout, j'ai appris à relativiser. La plupart des chutes que j'ai connue n'ont heureusement eu aucune conséquence physique importante (mise à part de grosses courbatures pendant plusieurs jours). La seule grosse contrainte que ça amenait, c'était de devoir préparer un apéro pour les copains, et c'est vraiment pas désagréable de partager un bon moment autour de pizzas, petits fours ou d'un gâteau quand on est plus jeune.


Quand je regarde en arrière et que je vois où j'en suis arrivée

Quand je repense à ces mois de peur par lesquels je suis passée, je réalise que j'ai beaucoup progressé, notamment ces deux dernières années. Depuis l'été passé sur le dos de Koline, j'ai gagné en confiance : je ne repousse plus le moment où je dois aller sur la barre en laissant passer tous mes camarades de reprise, j'ai participé à des concours internes et un concours externe, j'ai sauté avec des chevaux que je connaissais assez peu sans avoir de réelle crainte, je me suis réconciliée avec Indra qui était un peu ma bête noire à l'obstacle, j'ai même sauté à cru avec elle (après avoir un peu appréhendé notre premier saut quand même... je me suis détendue dès la première barre franchie et je me suis alors éclatée)... Et surtout, je prends beaucoup plus de plaisir à sauter. Voir que je n'hésite plus là où j'étais totalement bloquée il y a quelques mois en arrière me donne une certaine fierté.

Toute cette période où j'ai essayé de sortir de la spirale de la peur m'a également permis de prendre conscience d'une chose : si je souhaite continuer à progresser à l'obstacle, ce n'est absolument pas dans une optique de concours. La compétition n'est pas pour moi, je me mets trop de pression, n'arrive pas à me concentrer à la fois sur le parcours et ma position et je commets plein de petites erreurs que je ne fais pas habituellement. Je préfère rester dans le cadre des cours pour prendre le temps de bien faire les choses et donc prendre plus de plaisir.
Mon premier CSO externe (et sans doute le dernier).

Si le chemin parcouru ces deux dernières années me semble énorme, je sais que tout n'est pas gagné. J'ai encore une barrière psychologique à faire tomber : dès que la hauteur commence à s'approcher du mètre, j'appréhende mes sauts et ne suis plus en confiance. Je ne suis pas sereine lorsque j'ai un cheval trop dynamique (mais c'est aussi valable sur le plat, j'ai une nette préférence pour les chevaux assez calmes, même si j'aime bien que ça bouge un peu de temps en temps). Mais je sais surtout que la peur peut resurgir à tout moment et que je pourrais être amenée à tout reprendre à zéro si cela se produisait. Pour éviter de me retrouver à nouveau dans une impasse, je préfère continuer à sauter pour le moment avec des chevaux plutôt tranquilles et en qui je peux avoir confiance. Et à me dire qu'au pire, c'est apéro !

2 commentaires:

  1. Je te félicite. C'est un beau parcours et je comprends mieux la peur qu'on peut ressentir. J'ai un record de chutes à l'obstacle mais ça ne m'a jamais fait peur.....au contraire, je remontais pour recommencer ce que j'avais loupé.
    La peur est probablement bonne conseillère parfois.
    Bonne continuation et merci pour ce partage.

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    1. Merci beaucoup ;)
      Je pense qu'avoir commencé à monter tard (à 24 ans) m'a laissé une certaine conscience du danger qu'on n'a pas toujours quand on est plus jeune et j'ai donc commencé l'équitation avec cette appréhension du saut qui n'a fait que s'accroître au fil des chutes. Mais tout ça est derrière moi maintenant, et j'espère que ça le restera ;)

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